Ce jour-ci, ce fut la cloche stridente de la classe qui me réveilla de mon profond sommeil. Je maugréais tout en empilant mon matériel de classe l’un par-dessus l’autre. Les méandres de mes pensées ayant interrompu mon sommeil la veille, je n’avais pas pu récupérer comme il se doit et pour cause, je rattrapais ce temps à l’intérieur des cours des plus ennuyants, au grand désespoir de mes professeurs. Cependant, leurs arguments m’importait peu et puis, j’aimais l’idée d’être une jeune fille indomptable malgré les plusieurs retenues qui m’étaient destinées à cause de cela. Wayuki qui n’était pas entré en classe aujourd’hui, j’avais passé l'une des plus exécrables journées de mon existence.


Titubant dans les couloirs, toujours endormie, j’en profitais afin de m’amuser un peu, soit voler. Chopant subtilement certains objets au passage de la poche de mes victimes, je pus requérir, suite à une bonne dizaine de minutes, une assez grande quantité d’objet de valeur. Je décidai donc, compte tenu de mes nombreuses victuailles, de prendre la direction du grenier, ou, plus précisément, la voie de ma cachette temporaire…


Une fois arrivé à destination, un sourire mesquin illuminait mes lèvres. Rien n’avait changé depuis ma dernière apparition dans ce lieu sinistre puisque, de toute évidence, peu de personnes y allaient. Arpentant soigneusement les planches de bois qui grinçait sous mon poids, je débouchais quelques secondes plus tard sur un petit trou dans le parquet protégé par une toile d’araignée. Un petit coffret métallique s’y trouvait à ma grande joie. Lui non plus n’avait pas bougé! Dégageant la toile, je pus ouvrir le coffre rempli de trésors afin d’y déposer mes objets acquéri depuis peu. Et voilà une nouvelle conquête d’accomplie pensais-je un nouveau sourire sur les lèvres. Finalement, je décidai de m’adosser au mur à l’arrière de moi afin de profiter de ce petit moment de répit qui m’était bien mérité. Je restais donc accroupit au sol durant une bonne heure à me poser des questions existentielles inutiles. Ce fut une petite voix d’enfant qui me mit la puce à l’oreille. Me redressant sur mes jambes à une vitesse fulgurante, je me demandais si je n’avais pas rêvé, cependant, j’avais la certitude que non puisque la voix continuait son court. Le cœur palpitant dans ma poitrine, je resserrai les poings. Il était rare que quelque chose se faisait entendre dans cet environnement peu recommandable.
Malheureusement pour moi, la densité n’était pas assez grande afin que je puisse concevoir une bête, il fallait donc, en cas d’extrême urgence, utilisé les coups.                                                                                                    Je n’avais pas le choix, je devais aller voir la source de ces voix.


Sous chacun de mes pas, un bruit sonore de nature lugubre emplissait ce taudis à mon grand déconfort. J’essayais tant bien que mal de faire le moindre son possible, en vain, les fondations étaient trop usées pour ne faire aucun bruit. Subitement, un mouvement captiva mon attention vers la gauche. Détournant rapidement la tête, je plissais les yeux afin de savoir de quoi il s’agissait. À mon grand soulagement, ce n’était d’un petit garçon inoffensif…
Ou pas!

Je me surpris à le voir un couteau à la main allongé au sol. Un COUTEAU?! Nan mais non de dieu! Je devais faire quelque chose et vite. Je ne voulais pour le moins du monde avoir une mort sur la conscience cette nuit. M’approchant du jeune garçon en lui sautant presque dessus, je chopais au passage l’arme blanche, m’écroulant au sol quelques mètres plus loin, le couteau s’infiltrant sous un meuble poussiéreux qui avait fait son âge à mon grand soulagement. Reprenant mes esprits, je me redressai vivement afin de rejoindre le petit garçon sur mes gardes, dans l’espoir qu’il n’avait pas envie d'essayer de me tuer à mon tour, moi qui avait retardé son meurtre. L’inquiétude mélangé à la colère étant plus fort que moi, je ne pris pas en considération mes dires qui pouvaient être offusquant, mais qui mettaient en jeu la raison.


-Mais à quoi t’as pensé espèce de malade?! Je sais bien que l’on ait dans un établissement pourri mais de là à se suicider c’est de la folie! Dis-je en lui criant quasi dessus.


À ses mots, j’avais l’impression de me comporter comme sa mère mais c’était plus fort que moi. Il aurait été inhumain de ma part de le laisser s’auto tuer à cet instant. Bien qu’ayant un fort mauvais caractère la plupart du temps, il n’en restait pas que j’avais toujours des sentiments mais plus important encore, un cœur. Reprenant mon souffle, je dévisageais tant bien que mal l’inconnu devant moi recroquevillé comme s’il regrettait amèrement son geste. Il avait des cheveux noirs ainsi que de grands yeux jaunes qui, je dois l’avouer me font peur à mon égard. Une multitude de questionnements tourbillonnant dans ma tête, je me demandais ce qui avait bien pu pousser le jeune homme à commettre un tel geste insensible…  

Tandis que le jeune garçon devant moi marmonnait des phrases incompréhensibles depuis mon emplacement actuel, la tête enfoui dans ses genoux, j’observais ses faits et gestes en me demandant vraiment ce qui ne clochait pas chez ce gamin. Finalement, celui-ci sortit subitement de l’ombre les yeux rougis tout en titubant vers moi. Le cœur palpitant, je ne savais pas trop comment agir. Avait-il l’intention de me blesser? Confuse, je restais clouée sur place ne sachant quoi faire.


- Je ... Je voulais juste jouer au docteur ... Les docteur font des opérations. Mais j'étais tout seul. Je pouvais opérer personne. Je ne voulais pas te mettre en colère madame. Je suis désolé.


Même si mon expression faciale restait de glace, j’avais peur. Très peur. Autant pour la santé de ce garçon que pour ma sécurité. Anxieuse, je me contentais de hocher la tête en signe de compréhension même si je savais que son action de tout à heure était mal et que ses pensées étaient tordues. Que pouvais-je faire de plus maintenant? Voyant mon interlocuteur timide, je me grattais l’arrière de la nuque ayant pitié du jeune individu qui se trouvait là.


- J-je peux te faire un câlin ?


Ses mots eurent soudain un effet choc sur moi. J’en déduis donc, par ces paroles, que ce n’était qu’un jeunot qui avait simplement besoin d’une personne qui lui prouve qu’il est aimé. Je me m’accroupis donc à genoux afin d’atteindre sa grandeur et ouvris les bras afin de l’accueillir tel un vrai geste maternel. Cela faisait un bon moment déjà que les signes d’amour ne faisaient plus partie de ma vie, cependant, ce n’était pas parce qu’ils ne faisaient plus partie de la mienne qu’ils devaient disparaître de la vie d’autrui. Ébouriffant ses cheveux couleur charbon, je le repoussais gentiment afin de me présenter et en profitait pour m’excuser.


-Pardonne-moi… je m’excuse. Promets-moi seulement que plus jamais tu ne recommenceras.


Suite à un bref moment de réflexion, je lui souris amicalement tout en me présentant.


-Moi c’est Liam… Mais tu peux me nommer Lili si ça te chantes!

- Moi je m'appelle Benvolio. Mais les voix m'appellent tout le temps Benny. Alors je suis habitué aux deux. Lil c'est un très joli prénom !


Je restais songeuse en entendant le mot «voix». Mais qu’est-ce que cela signifiait? Ne voulant pas en tirer de conclusions hâtives, je fis mine de rien préférant sourire au jeune garçon. Je ne voulais plus l’inquiéter. Finalement, celui-ci prit  ma main et l’entremêla doucement dans la mienne, l’on aurait presque pu croire que c’était mon petit frère.  


- Je ne jouerais plus au docteur si ça te donne le sourire. C'est promis.


-D’accord alors, je compte sur toi.


Subitement la voix de mon interlocuteur changea rapidement de ton, à ma grande surprise.


- Oui, mais je ne veux plus que Lili se mette en colère!


Encore un petit peu plus fort, le prénommer Benvolio continua ses dires quelque peu terrifiant.


- SI ! Je sais que Lili est mon amie. A moi. Hein Lili, que tu es mon amie maintenant ?


-J… Je oui Benvolio, maintenant, calme toi s’il te plaît…


N’ayant pas eu l’air d’avoir eu l’effet estompé, je ne sus quoi faire par la suite. Il me parlait et disait plusieurs choses dans le vide mais je n’y prêtai pas attention. À ce que j’avais pu constater, des voix régnaient à l’intérieur de sa tête. Comment appelait-on cela déjà? Je nus pas la chance de remédier à la question, qu’une fois de plus, la voix du jeune garçon parcourra mon esprit.


- On peut même jouer ensemble si tu veux ! Il y a pleins de trésors pour jouer ici !


-Si tu veux… mais pas à des jeux dangereux d’accord, je n’aime pas ça. Dis-je tout bas.


Sans m’en rendre compte, je savais… même si j’essayais de le nier. C’était devenu clair et précis… je me souvenais…                                                   Ce garçon était schizophrène…

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