Tandis que je ressortais, en maugréant des injures, du bureau de la directrice, je donnai un féroce coup de poing sur le mur de briques à proximité. Cette mission n’est nul autre qu’une perte de temps et pour cause, je devais me résigner à aller rechercher un jeune homme égaré sur l’île, au lieu de relaxer en paix personne à m’épier, seule. D’ailleurs, que de joie lorsqu’il s’agit en fin de compte d’un jour de repos! J’aurais préféré faire le ménage de tout l’établissement au lieu d’essayer de trouver un camarade de classe perdu en environnement hostile! Pff. Avoir su mon sort, j’aurai eu mieux fait de mon contenir, ça m’aurait évité de repayer une nouvelle porte de chambre et ça m’aurait de toute évidence éviter d’être complice à la directrice! Si elle n’était pas en position de force, je vous garantis que je lui aurais déjà réglé son compte à cette dame!


Dépassant les portes du bâtiment à longue enjambée, je respirais un bon coup afin de calmer mes ardeurs. Ce jour-ci, les nuages recouvraient le ciel nous menace de fortes averses ce qui ne m’étonnait pas. L’automne ayant cogné à nos portes, il n’était pas surprenant que la pluie prenne une place disproportionnée ces temps-ci. Certains corbeaux s’envolant sur mon chemin, je m’aventurais suite quelques minutes à l’intérieur de la forêt. Rien. Aucune trace du supposé métaphorme. Faisant des allés retours ainsi pendant de longues bonnes minutes, mes recherchent n’en furent pas plus fructueuses à ma grande impatience. Si je ne le retrouvais pas immédiatement, la directrice risquait de ne pas apprécier l’heure tardive, d’autant plus que la pluie allait bientôt tomber ce qui allait me mettre dans un grand déconfort, et allait descendre mon moral à zéro.


Finalement, l’averse débuta son cour sous mes grondements de désespoir. Subitement, je me rappelais qu’une grotte se trouvait non loin de mon emplacement actuel. Cela pourrait me dépanner le temps que l’orage qui se préparait, lentement mais surement, termine de me rendre la vie encore plus exécrable…


Une fois arrivée à destination, je pénétrais à l’intérieur des parois de pierres, détrempée, malgré mes efforts, de la tête aux pieds. Par chance, la grotte avait une assez grande superficie afin que je puisse concevoir une bête enflammé dans le simple but de me réchauffer. Une fois adossé confortablement à l’un des murs de pierres, je créai un faucon de feu. Celui-ci ravit de voir le jour virevolta à l’intérieur de l’abri humide à mon grand amusement. Fermant les yeux, je me laissais emporter par le doux son de la pluie, vulnérable à toute attaque quelconque…

Ce fut un cri de douleur qui me ramena à la réalité me faisant redresser sur mes jambes. J’étais certaine d’une chose, ce son ne provenait pas d’un animal mais bien d’un humain. Mon oiseau interpellé par mon geste furtif, termina ses acrobaties afin de se placer à mes côtés. Posant un pied devant l’autre vers la source du bruit, je serai les dents espérant que ce ne serai pas un danger quelconque. Laissant une traînée de gouttelettes d’eau derrière moi, mon cœur palpitait dans ma poitrine tandis que je pouvais ressentir mon sang pulsé dans mes veines.


Ma destination finale se retrouvant à être une roche, je m’arrêtai à quelque pas de celle-ci. Il n’était pas difficile d’en déduire que l’inconnu s’était réfugié dans l’ombre de la pierre. Prenant mon courage à deux mains, je fis rapidement disparaître mon oiseau enflammé qui surveillait mes arrières. Je devais prendre l’individu par-derrière à son issue si je ne voulais pas être la victime première. C’est ce que je fis dans la plus grande discrétion me faufilant dans la noirceur que je considérais de mon côté.


Lorsque je fus bien positionné derrière la personne suspecte, je ne pris pas le temps d’observer sa silhouette ou encore ses faits et gestes que j’emprisonnai sa tête à dans le creux de mon coude en bloquant ses membres susceptibles d’inverser la situation. Je maîtrisai ma prise ainsi pendant quelques secondes avant de reprendre mes esprits et de me dire qu’on fond, c’était probablement une personne inoffensive vu son comportement non agressif. Je lâchai donc ma prise en rougissant face à mon action déplacée. Encore dans de beaux draps Liam! Bravo! Pensais-je. Ce fut avec malaise, que je tendis la main en direction du jeune homme qui se trouvait devant moi, soutenant son regard argenté.

-Désolé. dis-je froidement


C’est au même moment que je me rendis compte qu’il ressemblait fort à la description que m'avait donné Mme. la directrice.


-C’est donc toi le nouveau. m'exclamais-je un sourire mesquin aux lèvres.  

Celui-ci répondit d’un ton incertain ce qui ne m’étonna pas suite à la manière dont j’avais agi. Peu de personnes procédaient de cette méthode afin de faire connaissance avec un inconnu.


Je .. et bien.. oui... je suppose.. Bonjours ... je .. enchanter moi c'est Dunkan... ravis de faire ta connaissance


Dunkan.. C’était bien le prénom que m’avait donné la directrice. Un dilemme se présentait donc à moi. Resté dans le secret à l’issue du jeune homme et être complice à la directrice en payant mes dettes ou me foutre de mes responsabilités et remettre ça à plus tard. Étrangement, la deuxième solution me semblait plus charitable à ma personnalité! Et puis de toute manière, d’un moment à l’autre il fallait bien retourner à l’intérieur de ce pensionnat ignoble. Alors tant qu’à être ici en si plaisante compagnie, pourquoi ne pas en profiter?!


-Moi c’est Weiss, Liam Weiss. Dis-je simplement.


À ses mots, je pouvais voir Dunkan chercher du regard quelqu’un ou quelque chose. Ce fut lorsqu’il reprit la parole que je fus éclairée sur le sujet.


dit ... est ce que c'est toi qui a fais apparaître le faucon de feu tout a l'heure?


Je haussai un sourcil, charmée qu’un individu dont je ne connaissais pas la présence il y a quelques secondes à peine, s’intéresse d’une telle manière à mon pouvoir. Je lui fis alors un sourire sincère m’étonnant moi-même.


-Ouais c’est moi. J’ai la capacité de concevoir des animaux enflammés qu’importe lequels…


Suite à un court instant, mon faucon refit apparition derrière le jeune homme, éblouissant les lieux d’un doux rouge écarlate… J’avais la simple impression que cette rencontre allait me donner un point positif dans cette journée… si ce n’était pas déjà fait...

Le regard hypnotisé qu’apportait Dunkan à l’oiseau enflammé m’amusait grandement. Je n’avais jamais vu un individu agir de cette manière devant un simple pouvoir.


Tu as un pouvoir vraiment extraordinaire... dit… est-ce que c'est toi qui la contrôle ou elle a une conscience propre à elle-même ?


-C’est moitié, moitié. Lorsque je ne lui dicte pas des ordres propres, mes bêtes foncent selon leurs instincts animals.


Tandis que mon compagnon fixait, des lueurs d’étoiles dans les yeux, ma création, je décidais de m’adosser une fois de plus à l’un des murs humide de la grotte ne voulant pas le déranger dans son extase.  Sur ceux-ci étaient gravé des dessins qui représentaient les époques passées. Certains prénoms ornaient d’ailleurs les lieux, suivit de cœurs représentatifs de leur union ce qui me dégouttait. Je ne comprenais en rien les humains. Dépendre d’une personne toute sa vie, ce n’était pas palpitant! Toujours une même routine et la vie parfaite. Je préférais définitivement l’action à ce mode de vie prévu d’avance et cliché à toutes les scènes de films. Ce fut de nouveau la voix du jeune homme  qui me ramenait à la réalité.


Dit, j'ai une autre question ... la directrice est t'elle aussi cruelle qu'on le raconte ?


Un sourire mesquin illuminait mes lèvres une nouvelle fois.


-Elle est terrible! Dis-je d’un ton blagueur. Elle pourrait te faire manger un savon si tu courts dans le couloir!


À ses mots, je me mise à rire doucement me moquant du visage apeuré de mon interlocuteur. Je repris donc plus sérieusement voyant son air désespéré.


-Nan. Je te taquine. Par contre, nous avons tous une opinion différente de cette vieille chipie alors, lorsque tu la rencontreras, tu seras le seul qui pourra véritablement répondre à cette question… Pour ma part, je ne l’apprécie pas, si c’est ce que tu veux savoir.


Suite à un certain moment de silence, je poursuivis.


-Assez parlez de moi maintenant. Qu’est ce qui t’amène dans ce dépotoir cher voleur?

-Tu as sans doute entendu parler des gens qui étais accuser de vol de leur propre commerce, musée, banque et plein d'autre ici et la partout dans le monde c'est quelques dernières années? Et bien c'était moi... avec mon pouvoir qui me donnais l'apparence de qui je veux et même de tout ce je veux d'ailleurs, je me faisais passer pour le directeur d'une banque qui vérifiait le coffre-fort… le gardien de musée qui avais accès à toutes les salles barrées sous clef… et plein d'autre vol du même genre.


Je hochai la tête en signe de compréhension, le laissant continuer son récit à l’écoute de ses dires.


-En réalité j'ai tout fait ça pour sauver mon frère jumeau... qui avait besoin de soins qui coutaient extrêmement chers... mes parents adoptifs, qui n'avaient pas assez d'argent pour payer les frais nécessaires, j'ai dû me salir les mains... et quand j'ai eu fini d'amasser assez d'argent pour le soigné et lui laisser de l'argent pour qu'il puisse vivre sa vie, je me suis dénoncé et je suis allé en prison... c'est là que la directrice est venue et ma fait transférer dans son ''pensionnat pour les cas spéciaux''… Voilà tu connais toute mon histoire...


Suite à la fin de son histoire, je ne sus quoi répondre préférant rester silencieuse. Contrairement à moi, ce jeune homme avait eu recours au vol par besoin, tandis, que dans mon cas, c’était par amusement du moins, au départ. Bien qu’une multitude de regrets me hantaient depuis ce temps, je restais de glace lorsque qu’on me demandait de parler de mon passé, même si, contrairement à mon apparence, cela brisait mon âme un peu plus à chaque fois.


-Et toi, qu’a tu fais pour être dans la même galère que moi ?


Je devais de toute évidence m’attendre à cette question, cependant, je n’avais guère envie d’en parler. Je me forçai tout de même à lui répondre quelques phrases même si je voulais éviter le sujet à tout prix, ne m’étendant pas sur les détails…


-Disons que, plus jeune, mes amis exerçaient une mauvaise influence sur moi et m’initiaient à toutes sortes de petit crime qui confrontait la loi dont, le vol en particulier. Je les ai donc suivis dans ce délire pendant bien des années jusqu’à ce soir où…


Ma gorge se noua à cet instant coupant subitement court à mes paroles lourdes de tristesse. Je n’avais définitivement pas la force de surmonter cette épreuve malgré toutes ces années passées en leur absence. Je m’obligeais toutefois à poursuivre.


-À cette nuit où… je revins à la maison… à la maison qui n’était dorénavant plus qu’un bout de bois positionner sur des cendres… Par la suite, je dû, voler comme toi afin de subvenir à mes besoins…


N’ayant pas la force de continuer, je me tus instantanément, regardant amèrement le sol. C’en était trop même si j’aurais voulu être plus forte…

Spoiler:

Ce fut une lumière rouge écarlate qui me fit relever la tête. À ma grande surprise, un faucon de feu avait pris la place du jeune garçon. Même si j’étais impressionné par son pouvoir, je restais de marbre. Toutefois, sa réaction ne s’arrêta pas là. Il vint se poser sur mon épaule geste qui… non, ça ne se peut pas!


-Je ne peux peut-être pas comprendre à 100% ce que tu ressens, je te connais que depuis quelques minutes, mais je trouve que tu es une personne très courageuse, et formidable. Il ne te reste plus qu’à regarder ton passer, et d'accepter qui tu étais et ce que tu as fait, prendre tes pires moments et les transformer en force. Et ensuite quand tout ça sera fait, te retourner vers l’avant pour enfin pouvoir continuer d'avancer.


Je tournais la tête dans sa direction émue par les paroles prononcées mais me relevai subitement le faisant basculer de mon épaule. Faisant dos à lui, mon visage était sombre tandis que quelques larmes s’écoulèrent de mes joues. Je ne pouvais pas lui faire la même chose. Je ne voulais pas. Que diable l’amour nous apportait-elle appart une horde de regrets? Séchant machinalement mes larmes, je me retournais vers Dunkan les yeux rougis. Reprenant d’un air sombre.


-Allez, on rentre maintenant. dis-je sèchement.


Sans plus attendre, je débutais ma marche me retenant de me retourner une dernière fois vers lui faisant disparaître mon faucon au passage. Heureusement, l’averse n’était plus. Contournant la grotte par longues enjambés, je me maudissais intérieurement.


Je me maudissais de ne pas pouvoir accepter l’amour…